Qu'est-ce que le lien d'attachement ?
On entend beaucoup parler de l’attachement aujourd’hui. Mais que signifie exactement cette notion de “lien d’attachement” ? D’où vient cette théorie ? Notre lien d’attachement est-il irréversible ? Autant de questions auxquelles je vous propose de répondre dans cet article. Bonne lecture !
1. La théorie de l’attachement
John Bowlby, psychologue anglais, est le premier à avoir parlé de la théorie de l’attachement dans les années 60. Il se base sur les travaux de René Spitz selon lequel les humains ont besoin de contacts sociaux. Cette observation est renforcée par celles d’autres psychologues tels que Konrad Lorenz ou Margaret et Harry Harlow. Les Harlow font des expériences sur les macaques en observant leurs comportements en cas de privation d’interactions sociales. Il observent également le comportement de bébés singes élevés avec un leurre maternel, pourvu d’une tétine. L’une des mères artificielles est uniquement métallique, l’autre est dotée d’un tissu éponge et d’un générateur de chaleur. Il ressort que les primates s’attachent rapidement à la mère artificielle recouverte d’un tissu. Ils s’autorisent ensuite plus d’explorations des objets présents que lorsqu’ils sont avec la mère artificielle uniquement métallique.
Ainsi, pour Bowlby, un bébé ne recherche pas instinctivement sa mère uniquement pour se nourrir mais dans une quête plus globale de satisfaction d’un instinct de protection qui lui apporterait suffisamment de sécurité relationnelle.
« Un enfant doit recevoir une attention continue de la figure d’attachement la plus importante au cours des premières années de sa vie » – John Bowlby
2. La situation étrange
Dans les années 70, Mary Ainstworth – élève de John Bowlby – met au point un instrument de mesure de l’attachement : le protocole de la situation étrange. Il permet d’évaluer les réactions d’un bébé de 1 an quand il est brièvement séparé de sa mère et reste seul avec un inconnu qui a discuté 1 minute avec sa mère. Cette séparation sert de déclencheur du comportement d’attachement. La façon dont l’enfant va se comporter pendant les différentes phases de séparation et de retrouvailles avec sa mère va permettre de déterminer le type d’attachement qu’il a avec sa mère.
Dans cette expérience, la figure d’attachement est décrite comme étant la mère. Mais il existe plusieurs figures d’attachement qui peuvent correspondre au l’un ou l’autre parent, mais aussi aux personnes qui s’occupent régulièrement de l’enfant (les grands-parents, la nounou, la maîtresse etc.) :
- La figure d’attachement principale: la personne qui va s’occuper le plus souvent du bébé dans les premiers mois de sa vie
- La figure d’attachement primaire: les personnes les plus proches, dont le 2èmeparent
- La figure d’attachement secondaire: le cercle élargi des personnes qui s’occupent de l’enfant (la nounou, la maîtresse, les grands-parents, etc.)
L’enfant intègre différents attachements en fonction de ces figures, et le type d’attachement de l’enfant va être différent selon les individus et leur type de parentage.
3. Les types d’attachement
Attachement sécure
L’attachement de l’enfant sera dit « sécure » avec un parentage sensible : le parent est disponible, donne des réponses prévisibles, rapides et adéquates aux comportements de l’enfant. Il est capable de percevoir les signaux et demandes implicites de son enfant. Le cadre est sécurisant pour l’enfant, qui ressent que son parent prend du plaisir à s’occuper de lui. Un enfant sécure va protester au moment du départ de sa figure d’attachement mais se console rapidement pour jouer. A son retour, il va cesser de jouer, manifester sa joie, puis retourner jouer tranquillement.
Avec un attachement sécure, l’enfant se sent en sécurité et confiant lorsqu’il est avec ses parents et se sent capable de explorer son environnement. Il sait que ses parents seront là pour le protéger et le soutenir s’il a besoin d’aide.
Avec d’autres types de parentages, l’attachement de l’enfant va être inadapté. L’enfant va ressentir une insécurité plus ou moins importante selon la réponse du parent.
Attachement insécure ambivalent
Ainsi, l’attachement sera insécure ambivalent avec un parentage préoccupé : si le parent a des réponses changeantes et imprévisibles aux besoins de l’enfant, présente une attention irrégulière à l’enfant ou donne des contacts physiques de façon imprévisible, l’enfant va être angoissé même en présence de sa figure d’attachement. La séparation déclenche une immense détresse et il ne va pas non plus réussir à se calmer tout de suite à son retour.
Avec un attachement insécure ambivalent, l’enfant peut se sentir anxieux et incertain quant à la disponibilité de ses parents et peut avoir du mal à explorer son environnement.
Attachement insécure évitant
L’attachement peut également être insécure évitant avec un parentage indifférent : si le parent est moins sensible aux besoins de l’enfant ou ne reconnait pas les états émotionnels de son enfant (colère ou moqueries face à la détresse de son enfant), l’enfant va verrouiller ses émotions pour en éviter les conséquences indésirables. Il va faire preuve d’une indifférence apparente lors de la séparation ou du retour du parent. En réalité, il met en place une stratégie d’évitement pour éviter de vivre un refus de contact de son parent.
Avec un attachement insécure évitant, l’enfant peut apprendre à éviter les interactions avec ses parents et à ne pas chercher leur aide.
Attachement insécure désorganisé
Enfin, l’attachement peut être insécure désorganisé avec un parentage désorganisé : si le parent a un comportement qui fait peur, maltraitant, s’il a des difficultés à réguler ses émotions ou à comprendre les besoins de son enfant, l’enfant ne va pas avoir de stratégie claire lors de la séparation d’avec son parent.
Avec un attachement insécure évitant, l’enfant va avoir des comportements étranges car sera dans la confusion, voire la peur de son parent.
L’attachement est finalement un besoin biologique primaire de proximité de sa figure d’attachement. Les comportements de l’enfant ont pour but de ramener l’adulte dans la relation. En travaillant à renforcer l’attachement sécurisant de l’enfant, il sera alors plus à même de construire une meilleure estime de lui mais également une meilleure relation aux autres.
Parfois, certaines histoires personnelles font que l’on n’a pas pu créer le lien d’attachement que l’on aurait souhaité avec son enfant. Il n’est jamais trop tard pour réparer la relation. Je vous invite à me contacter pour que nous en discutions ensemble.
- Valentine Brugère
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