Burn-out parental

Dès l’annonce de la grossesse, devenir parent rime avec joie, bonheur, bien-être. Lorsque notre meilleure amie nous annonce la naissance de son enfant, il ne nous viendrait pas à l’idée de lui envoyer un message du type « bon courage, tu vas vivre des moments difficiles mais sache que tu peux toujours compter sur moi » ! 

Pourtant, être parent permet effectivement de vivre des moments de bonheur intense, de découvrir des émotions que l’on n’avait parfois jamais encore éprouvées. Mais être parent est également synonyme de stress et de préoccupations : mon enfant est-il en bonne santé, suis-je suffisamment compétent.e pour être son parent, va-t-il m’aimer, doit-on déménager dans un logement plus grand, dois-je changer de travail, etc.

Le burn-out parental, c’est quoi ?

Quand les ressources du parent (personnelles, familiales, situationnelles, socio-démographiques ou liées à la relation à son enfant) sont suffisantes pour compenser ces moments de stress, la parentalité est équilibrée. Mais il arrive que les facteurs de stress prennent le dessus sur les ressources du parent, et c’est alors que s’opère un déséquilibre.

Perdre son emploi, se séparer, déménager, mais aussi avoir des standards parentaux trop exigeants, vouloir être parfait dans toutes ses fonctions parentales, ou encore ne pas réussir à déléguer ou lâcher prise. Tous ces éléments (et bien d’autres encore) sont des stresseurs qui peuvent favoriser la mise en place d’un stress chronique chez le parent.

D’après Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, autrices du livre Le burn-out parental, l’éviter et s’en sortir[1], « le burn-out parental est un syndrome qui touche les parents exposés à un stress parental chronique en l’absence de ressources suffisantes pour compenser. »

On dénombre alors 4 symptômes principaux :

  • L’épuisement: le parent n’a plus l’énergie de s’occuper de son enfant, parfois au point de ne pas réussir à sortir de son lit.
  • La perte de plaisir: s’occuper de ses enfants devient une corvée.
  • La distanciation: le parent n’éprouve plus aucun épanouissement à s’occuper de ses enfants et fait le strict minimum (les nourrir, les emmener à l’école…). Il n’y a plus de moment de complicité.
  • Le contraste: il n’est plus le parent qu’il était auparavant.

Ces symptômes sont similaires à ceux du burn-out professionnel (l’épuisement intense, la perte d’efficacité et la distanciation ou dépersonnalisation dans le cadre professionnel). Néanmoins, on peut prendre des distances avec son travail en étant en arrêt maladie par exemple.  Il est plus difficile de prendre des distances avec ses enfants…

[1] Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, autrices du livre Le burn-out parental, l’éviter et s’en sortir, éd. Odile Jacob

Les conséquences du burn-out parental concerne avant tout le parent lui-même : une plus grande irritabilité, une augmentation des problèmes de santé physiques préexistants (migraines, eczéma, etc.), le développement d’idées suicidaires ou encore des troubles du sommeil. Mais ces répercussions ont également des conséquences sur le couple parental avec souvent une détérioration de la relation, et sur l’enfant avec une négligence physique ou éducative liée à la distanciation et au manque de plaisir éprouvé en sa présence, mais aussi de la violence verbale, psychologique et parfois même physique.

Alors comment éviter d’en arriver là ?

Tout d’abord, il faut savoir que le burn-out parental peut toucher tous les parents, à n’importe quel moment du développement de son enfant et pour toutes les particularités.

Le burn-out parental est souvent précédé d’une phase dite de « burn-in », au cours de laquelle le parent se surinvestit en super parent avec de s’effondrer.

Plusieurs facteurs conscients ou inconscients poussent le parent à essayer d’être le parent parfait. 

Nous souhaitons tous être un super papa ou une super maman. Nous avons une image du parent idéal que l’on voudrait être d’après ce que l’on a connu, mais aussi ce que l’on n’a pas connu ou qui nous a manqué et que l’on souhaite offrir à notre enfant. Un autre facteur important est la pression sociale, consciente ou inconsciente. Cela se manifeste à travers les livres ou magazines, les publicités, les discussions entre amis, les injonctions familiales, mais également les publications sur les réseaux sociaux qui renvoient souvent une image parfaite de la famille idéale. Heureusement, de plus en plus d’influenceurs montrent d’autres facettes de leur vie qui viennent atténuer cette perfection.

Par ailleurs, certains parents peuvent avoir tendance à penser qu’ils sont la seule personne à pouvoir donner à leur enfant tout ce dont il a besoin pour s’épanouir. Vient alors la sensation d’être indispensable et il est impossible de déléguer certaines tâches ou de lâcher prise sur des règles établies du quotidien. Or il est toujours important de garder à l’esprit que l’investissement du parent doit être mis en rapport avec ses ressources personnelles. Certaines tâches pourront paraitre anodines pour certains mais insurmontables pour d’autres. On ne peut pas toujours être sur tous les fronts.

Ce surinvestissement peut aboutir à un sacrifice de soi au profit de ses enfants, peu importe le prix à payer pour le parent.

Sans les ressources nécessaires pour contrebalancer ce surinvestissement, le parent va ensuite rentrer dans une phase de frustration : ses efforts ne portent pas suffisamment leurs fruits, il prend conscience de ce à quoi il a renoncé pour ses enfants, il développe un sentiment de manque de reconnaissance de son conjoint ou de ses enfants pour tous les sacrifices subis, etc.

C’est là que surviennent les premiers symptômes de fatigue, le parent a moins de patience, s’énerve plus facilement, est plus susceptible.

C’est à ce moment-là qu’il est important d’intervenir pour éviter le burn-out.

Certaines personnes auront besoin d’une modification de leur environnement avec une redéfinition de la répartition des tâches parentales, une aide à domicile, aux devoirs, pour les trajets de sortie d’école ou aux activités périscolaires etc. D’autres auront besoin d’un soutien plus affectif avec une valorisation de ses compétences parentales par le conjoint et les enfants. Enfin, pour certains un accompagnement psychologique pourra également être mis en place.

Si aucun changement n’intervient après cette phase de frustration, le parent risque fortement de basculer vers un burn-out parental.

Alors comment en sortir ?

L’une des premières étapes pour s’en sortir est de se faire accompagner pour recharger ses batteries et mettre en place des changements cibler pour retrouver une sérénité familiale.

De nombreux professionnels tels que des thérapeutes, des psychologues, des coachs parentaux sont formés au burn-out parental et sauront aider le parent en détresse.

Il est également important que le parent identifie ses stresseurs et les ressources associées. Il pourra alors retirer des stresseurs inutiles, en alléger certains et mieux utiliser ses propres ressources. Cela lui permettra de lâcher-prise dans certaines situations.

L’étape d’après est de rééquilibrer la gestion du quotidien et les répartitions des tâches au sein de la famille. Et surtout ne pas hésiter à solliciter son entourage.

Ces différentes étapes permettront au parent de soigner sa relation avec son enfant pour redevenir un parent aimant, chaleureux et soutenant, avec ses forces et ses faiblesses.